
Un livre qui remet les choses en place. Un livre indispensable, pour qui veut comprendre l’Histoire de la première moitié du vingtième siècle du point de vue prolétarien et libertaire. On suit la vie d’un personnage fictif, Fred Barthélémy, de la bande à Bonnot à la seconde guerre mondiale, en passant par deux évènements incontournables: la révolution russe de 1917 et la guerre d’Espagne. Le récit est captivant et lucide. Les rejets du bolchévisme, de l’opportunisme, de l’autorité et de la bureaucratie sont très bien amenées. Des masques de personnages illustres tombent et, place est faite aux combattants oubliés de l’Histoire. La liberté est le fil conducteur, et elle n’est pas négociable.
« Eux que l’on qualifiait d’irréalistes savaient que le plus difficile n’est pas de décider une grève, mais de préparer ce que l’on accomplira après, une fois l’enthousiasme retombé, une fois les minimes augmentations de salaire obtenues, lorsque la laideur de l’usine et la monotonie du travail à la chaîne réengourdiraient les esprits. C’est à ce moment-là qu’on devait agir, prendre la balle au bond et la lancer plus loin, le plus loin possible, vers le plus de devenir. »
Ce livre soulève plusieurs points importants, que nous discutons au GARAP :
- la question de l’organisation révolutionnaire du prolétariat (voir https://garap.org/annexe/presentation.php)
- la transmission de la mémoire prolétarienne pour éviter de répéter les erreurs du passé (voir https://garap.org/communiques/communique02.php)
- la peur de la liberté (voir https://garap.org/communiques/communique29.php et https://garap.org/communiques/communique63.php)
Michel Ragon – « La mémoire des vaincus » – 1990