Recueil de poésies trouvé au hasard dans un restaurant d’Etretat…Parce qu’il y a…
Parce qu’il y a des printemps qui toujours me surprennent
aux mille coins des rues parmi les horizons barrés et des
âmes en perdition…
Parce qu’il y a cette éphémère beauté d’enivrement dans
l’unique seconde d’un nuage illuminé de pluie, de joie et de
message, et ces soleils cachés qui te surprennent chaque fois
à l’improviste, au milieu du néant, de la foule, des bars à
culs, des magasins de frimes, de la culture même, distribuée,
contrôlée, étiquetée…
Parce qu’il y a cette valise jamais complètement vidée et qui
n’en finit plus de se souvenir…
Tous ces moments perdus à jamais, dans le cyle fatigant,
inlassable, l’équilibre quoi ! Ce balancier de la montre !
Cette cithare qui nous câline et qui te happe un peu comme
la musique, fille maquillée de rêves, d’inacessible envie,
d’un désir trop puissant et qui se meurt, flot bouillonnant de
notre malheur, de notre joie démesurément inquiète, de nos
cimetières d’espoir, tombe d enos illusions…
Parce qu’il y a toi et tes cheveux, et ton regard, et ton
sourire, et ta main sur la mienne, et ton rire comme un écho
de mon enfance, enterrée, gâchée, oubliée même sauf peut-être
sur ce dessin pastel griffonné tout à l’heure, lorsque je
n’étais plus…
Parce qu’il y a tout cela et tout le reste distribué au hasard
d’une rencontre, ou d’un regard !
Je chante mon tourment inondé par la vie,
éperdu de couleurs, je peins mon chagrin d’aimer,
et toujours un peu plus, chaque jour je me noie.
La classe…
C’est les cloches qui sonnent sur Florenc qui danse,
c’est un vin qui devine une autre vie divine,
c’est d’l’argent dans son jean sans trop savoir combien,
l’étranger qui n’est pas un touriste à photos…
C’est ta façon d’fumer, une prière, un geste…
C’est le noir d eta soir comme une cathédrale,
transparence sans lois, c’est l’parfum de la femme…
C’est Michel-Ange inachevé, une pensée, un cri,
et c’est l’imaginaire comme un déclic vert…
C’est chanter sous la pluie même parmi les passants,
c’est un verre de cristal et tes lèvres mouillées,
c’est l’contraire du paraître et de la suffisance,
c’est la culture, la vraie, pas celle qu’on étale,
c’est le souffle et le vent dans l’ombre d’un Rembrandt.
La classe c’est l’anarchie, ordre de liberté,
comme un orgue à Paris écouté au hasard
entrebâillant les portes d’un cloître oublié,
c’est ce vieux manuscrit, griffon du temps blessé
et c’est l’homme solitaire qui rit devant sa glace…
Le vieux bateau
Des mille traversées sur des mers magiques
ne reste que la rouille et un peu de minium,
des mines de marées sur de claires musiques
ne reste que la houle d’un souvenir opium.
Compagnon des dauphins, il était pharaon
au large des médiocres, divaguant de ses rimes,
chevron des chers embruns, il était étalon
aux marges des midis ocres, glissant sur les abîmes.
Mais la jeunesse s’use et le navire sombre
dans un port, oublié, un vieux bateau s’endort
caisse parmi les méduses et vampire sans tombe.
D’avoir tant navigué sa coque est malheureuse
car bien pis que la mort, il s’ennuie amarré
pauvre loque attelé à ses cordes huileuses…