Comme disait Moustaki : « non je ne suis jamais seul avec ma solitude ». Il y a des jours où je me sens bien seul au milieu des autres. La routine du travail me fatigue lentement mais sûrement. C’est comme si je devais lutter chaque jour pour ne pas laisser mon esprit s’endormir sous le poids de la lassitude. Mais heureusement mon esprit critique ne s’éteint jamais, il y a toujours cette petite étincelle qui relance la machine. Et c’est cette même étincelle qui me tient à l’écart du troupeau. Non pas que je me croissse supérieur aux autres, ça n’a aucun sens, c’est juste que mes recherches, de compréhension et de critique de la société dans laquelle nous vivons, me maintiennent à l’écart de la masse des autres personnes. Même s’il y a beaucoup de sujets sur lesquels on peut se retrouver, l’écrasante majorité des gens restent dans la discussion contemplative tandis que je suis dans la recherche de l’alliance de la théorie et de la pratique, dans la praxis, dans le matérialisme dialectique. Mes idées m’éloignent des autres alors que ce sont des idées de vivre ensemble et de partage. C’est fou comme cette société a réussi à nous diviser, à nous individualiser d’une manière égoïste, à nous maintenir dans un état de peur permanent. Les mauvais jours, j’ai des idées noires, j’en veux au monde entier, j’ai la haine de l’autre, je n’ai envie de parler à personne tellement la bêtise ambiante m’étouffe. Des fois, j’aimerais faire machine arrière et devenir un mouton qui se pose pas trop de questions afin d’éviter la souffrance de trop comprendre la réalité. Comme ça je ferai ma vie comme tous ces abrutis. Mais il n’y a pas de retour en arrière possible, je suis allé trop loin dans ma compréhension du monde. J’en suis arrivé au constat dramatique que nous devons combattre ce monde, ce quotidien. Toute notre vie est une marchandise, tout est monnayable. Ma critique a atteint une radicalité qui me tient à l’écart des pensées de la masse et de mes proches. J’apparais comme un sectaire, un rêveur, un gauchiste, un anarchiste, ou un utopiste. Tous les qualificatifs qui excluent. Certaines conversations me transmettent des sentiments de haine ou de méfiance envers mes propos. Je parais peut-être prétentieux, professoral, donneur de leçon, alors que ce ne sont pas mes intentions. J’ai cette vision de la totalité qui me permet de comprendre que le totalitarisme marchand englobe jusqu’à notre intimité. Et que foule de gens adhèrent à ce mode de vie. Les processus psychologiques analysés entre autre par Wilhelm Reich et Guy Debord à l’œuvre au quotidien sont affligeants. L’individu roi domine les façons de se comporter. Chacun se vend, se ment, s’aliène à travers le mode de production capitaliste. A force de lectures et de réflexions, le monde m’apparaît de plus en plus clairement comme un énorme spectacle qu’il faut transformer de fond en comble. Du coup les petits soldats du capital sont contre moi, ils défendent leurs prisons. Pourtant mes idées sont belles. J’ai peut-être la naïveté de croire qu’en les exposant, les gens adhéreront et voudront être libres. Je suis allé trop loin dans la connaissance de notre condition prolétarienne. Ça peut faire souffrir de comprendre la réalité. Heureux est l’ignorant car il ne se pose pas de questions. Il subit le quotidien sans réfléchir. Moi je ne peux pas vivre tranquillement dans un monde aussi pourri. C’est pour ça que mes théories se pratiquent. La théorie n’est rien sans la pratique. Mort au capital.
2 réflexions sur « Seul »
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Pour la forme, j’aime la plume hormis les « des fois » ! http://www.academie-francaise.fr/des-fois
Pour le fond, j’admire le côté « mis à nu », même si cela dévoile un côté « sûr de lui même ».
Une chanson m’est venue à la suite de la lecture de tes articles –> http://www.youtube.com/watch?v=p-ZI28nbSDQ&feature=kp
à suivre …
Désolé pour mon mauvais maniement des expressions de la langue française, j’essaierai de faire attention à l’avenir. Le camarade Brassens me réconforte souvent. Merci.